Je préferais peut être la vie d'ascète que je menais en ce temps là ...
Stade larvaire. Léthargie chronique. Penser sa vie, en oublier de vivre. La tête qui prend parfois le dessus sur le coeur et sur tous les autres organes vitaux. Etre le spectateur de son propre théâtre, se regarder agir. Larmes intérieures de regret, seul dans le noir, face à soi-même, pour tous ces actes non commis et pour toutes ces paroles non prononcées. Vivre une vie sage, douce et timide ; une vie sans ratures, sans fautes d'orthographe, sans cris ni giffles. Tout tempérer, jusqu'à ses sentiments. Croire que tout se contrôle ; tenter alors de tout contrôler.
Mais un jour, tu ouvriras les yeux, ma fille, tu sortiras de ta chrysalide, tu tomberas de ta tour d'ivoire. Tu comprendras que tes idéaux sont chimériques, illusoires. Enfin, tu connaîtras la Vie, la prendras en pleine gueule, vivras tout sans retenue, l'insouciance totale, hédonisme sans lendemain.
(Ou pas, puisqu'après tout, ça n'est peut-être qu'une histoire de personnalité, ou de sensibilité, va savoir)