Short song for a short mind
Je ferme les yeux. Je ferme les yeux et je tente de me focaliser sur les accords crispants et voluptueux de la guitare. je fais monter le son majestueux de l'instrument dans mes veines, mes capillaires et mes artères, je lui fais parcourir mon corps en se mêlant à ma lymphe et à mon sang puis je fais remonter le son vers ma tête ; m'immonder complètement.
Je me dilue dans la musique, je m'efface, je m'étends, je me transforme, je deviens liquide et polymorphe. Soudain intervient le bruit grave des violons, que je reprends volontiers, que je hurle à tout va pour ne pas perdre le fil de la mélodie et de ses notes. La partition est comme tatouée sur ma peau, incrustée sous mes ongles, et je la ressens toute entière comme si j'en étais l'auteur, comme si cette musique m'appartenait.
Et chaque nuit est le même rituel, chaque nuit est la même : la musique retentit et l'obscurité m'invite à me laisser porter et m'attire vers les baffles qui referment en elles tous les vents, toutes les tempêtes et qui vomissent une musique bourrée de violence et de vices, adoucie dans ma tête par la fatigue.