No surprises
En suspend. Détachés de tout, d'abord de cette surface où nous sommes assis, détachés du décor autour, de la vue au devant, de ce qui se déroule à côté, et avec nous dans ce détachement nous accompagnent nos pensées. Pas reliées entre elles, mais pas totalement défaites, car il reste un petit peu de sable qui coule, coule paisiblement et tant qu'il se déverse d'un côté ou de l'autre de nos tempes il n'est plus possible d'exister comme chacun le conçoit.
J'explique : dès le réveil de votre corps, celui-ci est rattaché à votre esprit, vous êtes donc conscients de ce geste là, vous pensez à cette chose précise et vous savez que vous y avez songé alors.
Mais nous, nous n'avons qu'une idée floue, une conscience vague de notre existence depuis. C'est fantastique cet état animal, aussi réceptif que replié sur soi-même, cette envolée des sens, des perceptions.
Nous sommes dans un aéroplane ? Oh une sorte d'engin volant qui atterrit dans un champ de blé. Malgré les circonstances l'atterrissage est réussi. C'est tellement doux, j'ai l'impression que nous n'avons jamais touché le sol ; pourtant je sens le blé caresser mon dos comme tu caresses mon visage. Je roule je roule comme sur une dune avec toi c'est doux n'est-ce pas ; ça dure mille ans puis le paysage se transforme en lacs entrelacés. Je me noie tendrement trois fois dedans puis le rêve me ramène en poudre rose, dans l'avion, vers le flottement réel, quelques aurores se disputent l'éclat du ciel, j'apprivoise des bouches, toute altérée que je suis, une aurore a vaincu les autres et règne, dorée, dans le quatrième Cosmos (le plus important) tandis que nous avons encore cette vague et douce conscience de notre existence.